La ruée vers l’Afrique

Image

L’Afrique attire de plus en plus d’investisseurs et il semble que les gouvernements, les multinationales, les banquiers veulent aussi leur part du gâteau. La France et les USA utilisent des moyens militaires (Libye,Somalie, Côte d’Ivoire, Mali, Soudan…) pour parvenir à leur fin tandis que les pays émergents (Brésil, Inde, Chine…) se cantonnent pour l’instant à renforcer leurs liens commerciaux avec l’Afrique mais contribuent eux aussi à renforcer la corruption.

Les atouts de l’Afrique ne se cantonnent plus simplement aux matières premières bien souvent cédées par des kleptocrates serviles installés par les grandes puissances, mais sa croissance ( bien que cache-misère) est devenu un atout incontournable. Dans cette Afrique où les classes bourgeoises prennent leur essor, de nouveaux marchés de consommation s’offrent aux investisseurs (téléphonie, restaurants, centres commerciaux…).
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique serait presque équivalent à celui de l’Europe et, sur cinq actifs dans le monde un est Africain. The Economist, après avoir été longtemps afro-sceptique, ne s’y est pas trompé en titrant « L’Afrique ce continent de l’espoir » en mars 2013.

Pour un certain nombre de critiques, ces investissements de plus en plus massifs ne seraient qu’un cheval de Troie du capitalisme occidental en Afrique. Si le développement de l’Afrique devient une cause défendue par certaines personnalités aussi variées que Bill et Melinda Gates, Tony Blair, Warren Buffett, Bill Clinton, ou bien le financier George Soros. Il ne faut pas croire que cela soit par pure philantropie. Par exemple la fondation Bill et Melina Gates s’est associée avec l’entreprise Monsanto afin d’organiser la promotion de la « révolution verte » en Afrique et ailleurs ( Bill Gates et Monsanto en Afrique). Cette « révolution verte » sert de cheval de Troie pour faire main basse sur les semences africaines afin d’imposer aux fermiers africains et du monde leurs propres produits à base d’OGMs (Irin Opposition à la révolution verte en Afrique).
« Las! Dans les stratégies agricoles prônées par le multimilliardaire Bill Gates qui fait de l’agriculture africaine un de ses plus importants chevaux de bataille, on cherchera en vain la simple mention du terme «agriculture biologique». Normal: ce type de technique a un défaut principal: celui d’être quasiment gratuit. Un terme qui résonne d’une manière hostile aux oreilles d’un Bill Gates et de ses pairs. Sa fondation, qui compte plusieurs anciens hauts cadres de Monsanto, met des milliards à la disposition de AGRA pour «révolutionner» l’agriculture africaine et lui permettre, officiellement, d’être plus performante. Officieusement, il prépare un boulevard aux grands semenciers, fabricants de semences transgéniques, d’engrais et de pesticides. » Le Temps.

Quant à Tony Blair, derrière son association pour soutenir la démocratie en Afrique, il promeut le secteur privé tout en étant conseiller de la banque américaine JP Morgan. Pour ces conseils à cette banque états-uniennes, il recevrait annuellement un million de livres sterling (Londres, l’influence croissante de Tony Blair en Afrique). Loin d’être neutre, Tony Blair s’immisce dans les affaires politiques du continent. En février 2013, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et le milliardaire américain Howard Buffet ont plaidé auprès de la communauté internationale en faveur du Rwanda et ont apporté un soutien sans faille à Paul Kagamé accusé de soutenir les rébellions rwandophones en RDC pour piller le pays de ses matières premières. Pour eux à l’instar de Bill Clinton, les aides étrangères ne devaient pas être coupées pour Kigali suite à son soutien au mouvement M23 qui sème la désolation à l’Est de la RDC dans une guerre qui a fait plus 5 millions de morts. Tony Blair a même été le conseiller du présumé criminel contre l’humanité Paul Kagamé. Ces nouveaux VRP semblent monnayer leurs services aux pires dictateurs africains sous couvert de promotion de la démocratie qui n’est souvent qu’un paravent à des affaires privées.

Nous ne reviendrons pas non plus sur ces hommes politiques français de tous bords qui écument les bars des dictateurs françafricains pour garnir leur compte en banque, ni sur les rapports bidons réménurés au prix fort par des dictateurs avec l’argent d’un peuple qui crève. Pas plus que sur les devises d’Afrique francophone équivalent à des milliards d’euros qui dorment dans les caisses du Trésor Public, ni sur le financement jusqu’à il y a peu de la totalité des partis politiques français par les dictateurs mis en place par Paris dans son pré-carré, ni sur l’attribution préférentielle des marchés aux entreprises françaises à l’encontre de la loi du marché dans ce même pré-carré.

Non l’Afrique n’aura pas grand chose à attendre de ces conseillers de l’ombre au service de dictateurs, de multinationales et de banques. Mais elle gagnerait plus à réclamer de pouvoir accéder comme il se doit à la valeur ajoutée en ayant ainsi à partir de ses propres matières premières la possibilité de vendre des produits finis. C’est le chemin que vient de prendre le Bostwana. Ce pays, premier pays producteur de diamants au monde, vient d’imposer au géant De Beers le transfert de savoir concernant l’industrie de diamants (Ecofin De Beers délocalise sa direction des ventes au Botswana). En effet, De Beers pour sécuriser une joint-venture de 10 ans avec le gouvernement Botswanais et sous la pression de celui-ci, a du accepter le déménagement de 85 employés pour le Botswana. Ils seront chargés d’assurer la formation de leurs homologues du Bostwana.

Il n’y a qu’en favorisant le transfert de savoir et des technologies dans le sens nord-sud que l’Afrique pourra créer ses propres produits à partir de ses propres matières premières. Mais il n’est pas sûr que les grandes puissances acceptent de bon gré, dans leur chasse gardée, ce désir d’autonomisation et d’indépendance technologique et économique de la part des pays africains.